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La dernière fois que j’ai participé à un concert symphonique remonte à près d’un an déjà. Je crois bien que c’est l’interruption la plus longue que j'ai connue depuis mon adolescence.

La vie en 2021 ne ressemble en rien à ce qu’elle était il y a 13 mois et, étrangement, le temps a passé dans un brouillard surréel. Où est passée la dernière année? Elle s’est écoulée à la fois très lentement et très vite. Parfois, j’ai l’impression que mon ancienne vie de bassoniste d’orchestre n’était qu’une chimère.

Les gens me demandent comment je vis la pandémie. Je leur dis les mêmes choses que tout le monde dit à tout le monde. Que je cuisine, que je fais de l’exercice, que je travaille mon instrument et que je regarde beaucoup trop de télévision. Des choses comme ça. C’est toujours la même conversation. Pas excitante, mais tout de même réconfortante parce que nous sommes si nombreux à faire exactement les mêmes choses.

En même temps, il y a des choses bien précises qui illuminent mes journées. Par exemple, le fait que mon orchestre produit des «concerts virtuels » (de musique de chambre et d’autres choses du genre). Étonnamment, ils ont été très bien reçus. Les spectateurs envoient des dons généreux, mais leurs commentaires sont plus généreux encore. Par exemple:

« Comme la plupart des gens sans doute, je crois qu’il n’y a rien de tel qu’un concert en personne. Toutefois, pendant cette année de crise de la COVID, ces concerts ont été comme de puissants phares dans les ténèbres. »

« Merci d’avoir produit ces concerts virtuels… ils ont diminué mon stress, m’ont permis de me sentir presque normal… »

« Formidable travail d’adaptation aux difficiles circonstances de la pandémie. Les arts – avec leur pouvoir de nous faire communier, de nous inspirer et de nous rappeler que nous sommes tous humains – sont plus importants que jamais. »

« Merci de garder la musique vivante. Vos concerts ont été bien plus que cela, ils ont donné du sens, de l’espoir, de la profondeur et de la patience dans une année très difficile. Merci. »

Les commanditaires de tous les orchestres canadiens nous envoient de tels commentaires. Des mots merveilleux qui me rappellent que nous sommes en effet un « service essentiel ». Des mots qui me rappellent que nous offrons quelque chose qui aide les gens à se sentir normaux, et que notre musique donne sens, espoir, profondeur et patience dans la pire des périodes. Quel cadeau que de se faire rappeler tout cela.

Dans nos vies d’avant la pandémie, nous allions aux répétitions et aux concerts, nous travaillions très fort et essayions vaillamment d’éviter fatigue et blessures. Au milieu de tout cela, il était facile parfois d’oublier que ce que nous créons est un miracle vivant qui permet aux gens de se sentir bien.

Je suis également touché par le soutien que nous avons reçu de nos administrations et gouvernements. Le fait que nous recevions tous au moins une portion de nos salaires réguliers me dit que, comme artistes et artisans, nous sommes considérés importants; et que soutenir les musiciens d’une collectivité doit être essentiel au soutien du bien-
être de cette collectivité.

Nos auditeurs s’ennuient de nous, je leur en suis très reconnaissant. Quand les concerts reprendront, je serai extrêmement excité de fouler la scène à nouveau et de jouer, euh, n’importe quoi : une symphonie de Mahler, un concert de Noël… pourvu que ce soit devant un vrai auditoire, un auditoire en personne.


Fév. 2021
Michael Hope
Délégué de l’OMOSC
Le Calgary Philharmonic Orchestra